Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ligne de démarcation
L’armistice signé le 22 juin 1940, entre la France dirigée par le maréchal Pétain et l’Allemagne nazie, entre en application le 25 juin. La convention d’armistice divise la France en zones dont une zone Sud (souvent dite à tort « libre ») et une zone Nord occupée.
La Dordogne est traversée, comme douze autres départements, par une ligne de démarcation, véritable frontière intérieure de 1200 kilomètres qui relie la Suisse à l’Espagne. Elle se retrouve située principalement dans la zone Sud, à l’exception de sa partie la plus occidentale, occupée (10% de sa superficie).
La ligne dessinée par la Wehrmacht suit un tracé rectiligne depuis la Rochebeaucourt au nord-ouest jusqu’à Lamothe-Montravel au sud-ouest, soit une amputation de 46 communes regroupant 20000 habitants.

Dès l’été 1940, des points de contrôle de franchissement sont établis, chacun supervisé par une Kommandantur, celle de Verteillac installée au château de Gandillac sur la commune de Saint-Martial-Viveyrol.
Deux postes sont établis : le poste français, dans le bourg de Verteillac, tout près du centre du village et le poste allemand, sur la Sauvanie, rivière séparant les communes de Verteillac et de Saint-Martial-Viveyrol.

Pour franchir la ligne de démarcation, il faut un Ausweiss (laissez-passer), difficile à obtenir mais accordé notamment aux cultivateurs pour l’exploitation des propriétés coupées par la ligne.

Toutefois, des passages clandestins de la ligne se mettent en place malgré le danger. Ainsi, des Juifs ont pu accéder à la zone Sud. La municipalité de Verteillac ne se montre cependant guère solidaire de ceux que les Allemands pourchassent en émettant, le 8 novembre 1940, un vœu qui ne l’honore pas :
« considérant que les évacués strasbourgeois sont rapatriés mais que certaines catégories d’évacués, les israélites en particulier ne peuvent réintégrer leur domicile en Alsace, que d’autre part Verteillac est situé en zone frontalière, demande instamment que des mesures rapides soient prises afin d’éloigner de la zone frontalière ceux que le IIIe Reich considère comme indésirables. Il ne s’agit en l’occurrence d’aucun acte de malveillance mais il semble apparaître qu’une telle mesure éviterait une certaine méfiance à l’égard de ceux qui restent, elle permettrait en outre d’assurer une surveillance plus étroite des échanges entre les deux zones ».
Après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, en novembre 1942, toute la France est occupée et la ligne de démarcation disparaît officiellement le 1er mars 1943.
Un panneau en mémoire de la ligne de démarcation a été récemment installé par la commune de Verteillac, à côté du pont de la Sauvanie, entre Verteillac et Saint-Martial-Viveyrol, sur lequel sont reproduits des témoignages sur le franchissement clandestin de la ligne.

Bernard Lachaise
Sources :
Patrice Rolli, Les années de guerre en Ribéracois et Verteillacois. Photographies, documents et témoignages (1940-1944), Éditions L’Histoire en partage, 2016
Anne-Marie Cocula et Bernard Lachaise (dir.), La Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale, Éditions Fanlac, 2024, 2e édition.