Verteillac et le train…

Regardez cette magnifique ligne droite qu’emprunte le chemin ! Cela vous fait-il penser à quelque-chose ?

Une ligne de chemin de fer !

Oui, vous allez marcher sur quelques centaines de mètres sur une ligne de chemin de fer commencée mais jamais finie…

Le train a été longtemps attendu

Verteillac n’a pas échappé à « la soif universelle de chemin de fer » (François Caron) durant le premier quart du XIXe siècle. Dans la commune, le désir de chemin de fer apparaît très tôt, dès le début des années 1840, très vite après l’ouverture de la première ligne française (Paris à Saint-Germain-en-Laye) en 1837 et un an après le vote de la « Charte ferroviaire française ». À l’initiative du ministre du roi Louis-Philippe, Guizot, la loi sur les chemins de fer de 1842 décide une répartition entre l’État (fixation des lignes à construire, financement et construction de l’infrastructure des voies (terrains, ponts, tunnels etc.) et les compagnies privées qui doivent s’occuper des rails, des gares et de l’exploitation.

Dans sa séance du 6 août 1843, le conseil municipal de Verteillac émet un souhait : « Lorsque le gouvernement du roi s’occupe de grandes entreprises telles que l’établissement du chemin de fer, il est juste d’en faire profiter le plus grand nombre ». Il réclame l’application de ce principe pour la ligne Paris-Espagne via Angoulême et Bordeaux. Il souhaite qu’à partir d’Angoulême, la voie ferrée se dirige, soit par la Touvre, soit par la Nizonne et la Dronne.

En Dordogne, le chemin de fer arrive tardivement sous Napoléon III avec la ligne Coutras-Périgueux, inaugurée en 1857 par le ministre périgourdin Pierre Magne, puis poursuivie en 1861 vers Limoges et exploitée par la Compagnie du Paris-Orléans.

Le train est enfin arrivé

En 1883, l’Administration des Chemins de fer de l’État et la Compagnie d’Orléans signent un accord de partage des territoires pour les nouvelles lignes. Le Paris.Orléans. se voit attribuer la ligne de Marmande à Angoulême. Un homme politique joue un rôle majeur dans l’histoire de cette ligne : Oscar Bardi de Fourtou. Ancien maire de Ribérac (1865-1870), député de la Dordogne depuis 1871, puis de l’arrondissement de Ribérac à partir de 1876, plusieurs fois ministre durant les années 1870, notamment de l’Intérieur en 1877, sénateur (1880-1893), ce bonapartiste est une des figures des conservateurs à l’échelle locale et en France. Il est aussi conseiller général de Verteillac entre 1874 et 1886, très proche du maire Amédée Coudret. Fourtou est aussi administrateur de la Compagnie du Paris-Orléans depuis 1874 et il en devient même le vice-président du conseil d’administration. Le chemin de fer arrive en 1894 à la gare de Verteillac-Coutures, sur la ligne Angoulême-Ribérac-Marmande. Le trajet entre Angoulême et Verteillac dure entre 1h40 et plus de 2h en omnibus, dans des wagons de 1ere, 2e ou 3e classe. Au début du XXe siècle, la famille de Gaulle – dont le jeune Charles – emprunte cette ligne quand ils viennent en vacances à la Ligerie, à Champagne-et-Fontaine mais ils descendent deux gares avant Verteillac, à celle de Mareuil-Goûts. Le Paris.Orléans exploite la ligne jusqu’à la nationalisation des compagnies ferroviaires et la création de la SNCF en 1937.

Collection Patrice Rolli

Le train est supprimé

La ligne de chemin de fer est fermée quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son trafic n’était plus suffisant avec le développement de l’automobile comme moyen de transport. Désormais, il ne reste plus de l’époque du train – un demi-siècle environ – que la gare, très longtemps conservée en son état initial, et quelques ruines des ponts entre Verteillac et la Tour Blanche, par exemple.

À la voie ferrée ont succédé des lignes d’autobus pour les Verteillacois n’ayant pas de voiture. Jusqu’aux années 1970, il était possible d’aller à Ribérac, Angoulême ou Périgueux en bus. Puis ces lignes ont évolué à leur tour. Pour aller à Paris, le voyage à Angoulême est indispensable. A partir de la place du Foirail, il reste possible en transport en commun (Taxi et Bus) trois fois par jour pour la somme de 2 Euros. Longtemps, le « Drapeau » est resté le plus rapide et le plus beau des trains jusqu’à la gare d’Austerlitz. Désormais, il a été remplacé par le TGV mais qui ne s’arrête pas toujours à Angoulême. Pour aller à Bordeaux, la gare la plus proche reste Montmoreau-Saint-Cybard ou Mussidan mais seuls les TER s’y arrêtent. La voiture individuelle l’a emporté sur le train.

Mais évoquer cette histoire du train est-ce seulement regarder le passé, peut-être avec nostalgie ou s’interroger sur les meilleurs transports dans un avenir d’inquiétudes énergétiques et de bouleversement climatique ?

Bernard Lachaise

IMAGE jointe : Horaires de chemin de fer au début du XXe siècle.

Source : Henri Brives, Cent vingt ans de Chemin de fer. Le réseau P.O. en Dordogne, Périgueux, Copédit, 1984.

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